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Disparition de Yannis à Ganagobie, 36 ans après le mystère demeure entier

2025-02-20 24 Dailymotion

La mère de Yannis, disparu en 1989, se confie : "L'affaire Émile m'a fait replonger dans ma propre histoire"

Évidemment, ça lui est toujours douloureux d'en parler. Mais pour Pascaline Moré, la maman du petit Yannis (3 ans), volatilisé sans plus laisser de traces le 2 mai 1989 à Ganagobie (Alpes-de-Haute-Provence) où la famille vivait alors, c'est une façon de maintenir son fils en vie. Pour qu'on ne l'oublie pas.

Alors, cette dame, âgée aujourd'hui de 73 ans, a accepté de recevoir La Provence, chez elle, dans le Vaucluse, ce mardi 18 février. Elle a fait part de sa souffrance et de ses espoirs, ainsi que des similitudes avec l'affaire du petit Émile. Elle a également raconté l'essentiel d'une vie marquée par le mystère éprouvant et lancinant qui entoure la disparition de son enfant, dernier de la fratrie. Un absent tellement présent.

Quelle est votre intime conviction concernant les conditions de la disparition de votre fils ?
Le fait que ses vêtements, ses chaussures, sa médaille et sa chaîne aient été retrouvés, seize mois plus tard, à l'endroit même de sa disparition, comme s'ils avaient été préalablement déposés dans ce secteur, a confirmé, pour moi, mais aussi pour les enquêteurs, la piste d'un kidnapping. Jusqu'alors, on avait pu imaginer que Yannis soit parti et se soit perdu, avant de se blesser mortellement sur un terrain assez escarpé.

Un enlèvement peut-il vous faire penser que votre fils est peut-être encore en vie, aujourd'hui ?
Dès la disparition, faute de preuves concrètes et définitives, on n'a pas pu accepter le fait que Yannis soit mort. Parmi les pistes étudiées au début de l'enquête, il y a eu celle de parents en mal d'enfant partis à l'étranger. Il y a des jours où je pense que Yannis est vivant quelque part. D'autres jours, je n'y crois plus.

Comment vit-on pendant près de trente-six ans sans savoir ?
J'ai 73 ans, mais d'une certaine manière, ma vie s'est en partie arrêtée à mes 36 ans. La disparition de Yannis a été une cassure. Une fracture qui est restée ouverte. Une blessure qui ne s'est jamais guérie. C'est impossible de vivre normalement. Mon devoir, c'est de tenir le plus longtemps possible. Pour Yannis. Et pour toute ma famille. Heureusement, j'ai d'autres enfants. Au cours des années qui ont suivi la disparition de Yannis, ils étaient jeunes. Ça m'a alors permis de tenir. Maintenant, c'est beaucoup plus difficile, parce que mes enfants ont leur vie de parents. Notre famille a été extrêmement éprouvée et je ne peux pas toujours parler de la disparition de Yannis. Enfin, moi, je le pense, parce que aucun de mes enfants me dit de ne pas en parler. Mais je respecte leur vie. Ils sont installés dans la région. Je les vois très régulièrement. On a même réussi à passer Noël dernier, tous ensemble, chez moi. En tout, on était quatorze.
Grâce aux nouvelles technologies, qui n'existaient pas au moment des faits, deux ADN masculins ont pu être détectés sur les vêtements, il y a trois ans, sans que les expertises.