La création du personnage
Il a travaillé dans le bon sens, si je puis dire. Il s’est d’abord créé une silhouette; tous les clowns font ça. (…) Je crois que dès le départ, il a eu l’intuition qu’au cinéma, il devait avoir une silhouette dessinée. Il n’a pas pris un costume avec des carreaux comme font les clowns. Lui, il a pris du noir et blanc. Je rattache ça au fait que quand il était enfant, il faisait partie d’une troupe qui s’appelait « Kazestore Circus » qui portait le même nom qu’une bande dessinée. Le cirque faisait la promotion du petit journal illustré et vice-versa. Donc, il a dû être très tôt sensible au visuel et donc aux cadres.
Dans son costume, il y a une dichotomie sociale : le haut fait plutôt gentleman avec son melon et le bas fait vagabond avec ses chaussures. Dès le départ, Charlot est en tension; par la suite, ses scénarios vont déplier ce que sa silhouette a de virtuel et de potentiel. [Par exemple], dans Les Lumières de la ville, il rencontre un millionnaire tout naturellement et personne ne s’en étonne parce qu’il a du gentleman en lui. Mais quand il joue le pauvre, il joue son enfance. Donc, il ne joue pas seulement dans l’histoire du film mais il joue aussi dans la propre histoire de Chaplin. (…)
Il élabore donc son personnage avant de raconter son histoire. Les gens, généralement, créent une histoire puis recherchent un acteur : ils travaillent à l’envers. C’est pour ça que Chaplin touche à l’universalité : parce qu’il a un personnage.
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