La scène se passe à la campagne. Un homme est réveillé au milieu de la nuit par des bêlements très forts qui proviennent de la bergerie. Il s'y rend donc et constate que deux brebis sont en train de mettre bas non sans difficulté. Malgré son intervention, la première brebis meurt. Son petit complètement désorienté pousse des cris et cherche le contact de sa mère qui désormais ne bouge plus. Pour la seconde brebis, c'est le petit qui n'a pas survécu à la naissance. Il est là, étendu sur la paille. Sa mère, complètement perturbée, lèche le corps inerte de son agneau et pousse elle-aussi des petits cris où l'on devine toute sa détresse. Que faire ? se demande le berger : l'agneau risque de mourir rapidement faute de mère et la brebis encore en vie va certainement être perturbée pendant plusieurs semaines. Il décide alors de mettre entre les pattes de cette mère apeurée l'agneau orphelin qui cherche aussitôt ses mamelles. La brebis, après avoir longuement pris le temps de sentir l'odeur de cet agneau qui semble vouloir s'accrocher à elle, le repousse sans ménagement car elle a bien compris que ce petit n'était pas le sien. Le berger essaie alors une dernière tentative. Il prend l'agneau chétif qui peine à rester debout et commence à le laver avec le sang de l'autre animal mort en couche et de nouveau le replace à côté de la brebis. Celle-ci prend une nouvelle fois le temps de sentir cet agneau qui bêle de plus en plus fort. Quelque chose a changé en lui : ce petit a désormais la bonne odeur, son odeur. Elle s'écarte alors et se met aussitôt à lécher cet agneau qui devient son agneau. Le sang de l'agneau mort a ainsi rendu possible l'adoption.
De manière analogique, le sang du Christ qui coule sur la croix et dans lequel nous sommes tous lavés et purifiés (Apocalypse 7, 14) fait de chacun de nous les enfants adoptifs de Dieu : « Voici l'Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde. »